Samedi 11 mai, Crest, nous accueille pour le challenge val de Drôme constituée de nombreuses courses de tout format au pied du plus haut donjon de France (notamment une « donjon race » dont nous fûmes spectateur le vendredi après-midi, qui donnait envie d’en découdre).
Pour nous, la prudence est de rigueur, le parcours de l’ultra concocté par l’organisation, ne permettant pas de « coup de mou » en particulier du fait de barrières horaires sécuritaires très exigeantes aux 67eme et 80eme kilomètres.
Le départ est donné à 00h30 sous un ciel nuageux, une température douce. Nous sommes 130 concurrents à nous élancer dans la nuit pour un ultra rustique et assez confidentiel, loin des grands rassemblements auxquels nous avons pu participer. Le parcours nocturne est exigeant entre piste, monotrace, boue, et il ne faut pas perdre de temps…c’est la partie la plus facile !
Le balisage est parfait, les bénévoles sont aux petits soins, les ravitaillements sont par contre sommaires et très peu équipés, la pluie s’invite régulièrement sur le parcours sous la forme d’averse, rendant le terrain meuble et délicat… retour aux sources du trail !
L’ascension de la Raye (Km20, 1430+), culminant à 1051m, premier contrefort du Vercors marque la difficulté majeure de la nuit et nous permet de dominer toute la vallée du Rhône et la région de Valence.
L’aurore se lève enfin ! La partie la plus ingrate (mais aussi la plus roulante) est validée…Nous poursuivons notre périple entre collines et dépressions à travers la jolie vallée de la Gervanne, croisant les villages de Suze (km29, 1680+), Montclar (Km44, 2120+) pour rejoindre Piegros-Laclastre (km 54km, 2300+) ou nous attend un sac d’allègement (avec des vêtements secs) avant d’attaquer la partie la plus difficile de la course.
Nous sommes au pied du plus grand synclinal perché d’Europe dont nous longeons le flanc nord, une ascension progressive de 850D+ nous conduit au Pas de la motte (Km67, 3150+) ou se tient le ravitaillement et la bifurcation vers le 93 Km. Nous sommes dans les temps (1 heure d’avance sur la barrière horaire), le soleil est présent il commence à faire chaud…tout va bien.
La section suivante est très sauvage. Nous sommes seuls. De nombreux concurrents ont bifurqué sur le 93 Km ou ont abandonné...d’autres sont devant ! L’ascension vers le col Lacroix et longue, mais notre progression reste régulière et fluide. Elle nous permet d’admirer les parois verticales des 3 becs que nous devrons affronter plus tard …la descente qui suit est vertigineuse et très technique…un dernier effort nous conduit à la ferme de Gause (Km 80, 4200+) ou nous arrivons malheureusement avec 15 min de retard sur la barrière horaire pour poursuivre sur le 118km.
Nous sommes donc orientés directement sur La Chaudière (Km83, 4400+) dernier ravito avant d’attaquer le Pas du Picourere. Il s’agit d’une ascension très technique entre les falaises des 3 becs et qui impose un passage de jour (expliquant la sévérité des barrières horaires). Nous montons régulièrement ce mur de 650 D+, dont la fin nécessite les mains…et nous permet de déboucher au sommet de la Roche Courbe (1545m) ou un mistral violent et glacial nous impose de vite basculer dans la courbe du synclinal constitué par la forêt de Saou.
La descente est longue et technique, dans une ambiance de « voyage au centre de la terre » entre chaos de rocher, pierriers jonchés de feuilles morte. Falaises et monolithes nous entourent dans une gorge étroite et interminable…enfin l’élargissement de la vallée marque le retour de la lumière et le ravitaillement tant attendu (KM 93, 5200+).
La nuit nous rattrape lorsque nous abordons le Pas du Faucon qui nous permet de retrouver un relief moins violent, et une progression plus régulière. Un dernier ravitaillement (KM103, 5600+) et nous regagnons sous la pluie le village de Crest (Km110, 5800+) après une balade de 23h58 !
Nous voilà donc aventuriers de la Drôme ! Une course très exigeante, très sauvage dans sa deuxième partie aux paysages incroyables et aux reliefs torturés. Une géologie marquée par le temps et les forces titanesque de notre terre qui ramène notre condition humaine à beaucoup d’humilité…Place à la récup !
François, Nicolas et Yohann (du club de triathlon d’Arles)