La Diagonale des Fous

La Diagonale des Fous

Vidéo "le rêve de devenir fou"

Le rêve de devenir fou..........

Bien nous a pris en décembre 2018 de nous inscrire à la fameuse "Diagonale des fous" trail mythique pour tous coureurs d'ultra.

300 jours après, le 14 octobre nous décollons pour la Réunion.

Mardi 15/10, nous arrivons à l’aéroport Rolland Garros de St Denis à 8h du matin, nous récupérons les voitures de location après avoir bu un café au pot d’accueil offert au coureurs du grand raid sous une tente ou un groupe joue quelques morceaux réunionnais accompagné d’une danseuse habillée au couleurs locales et nous filons à St Gilles, lieu de villégiature dans une belle villa sur les hauteurs de la ville face à la mer.   

Mercredi 16/10: jour de récupération des dossards à St pierre, pas une mince affaire car tous les concurrents des 5 épreuves sont convoqués la veille des courses à des horaires différents. 

Jeudi 17/10: La journée est consacrée à la préparation des affaires et des sacs d’allègement pour nos ravitailleurs Julie et Pierre ainsi qu’au repos.

19h30: Après contrôle de nos sacs, nous patientons jusqu’au départ dans le sas d'attente en bord de mer, un couloir sépare les spectateurs des coureurs pour ne pas que des affaires soient enlevées ou rajoutées dans les sacs……..Nous nous reposons sur le seul morceau d’herbe du sas en attendant le départ en papotant avec d’autres coureurs qui ont déjà participé à la diagonale pour nous rassurer….. 

21h30: Nous quittons le sas dans la cohue et encadrés par des bénévoles vers la ligne de départ, non pas sans appréhension sur ce qui nous attend, la traversée de l'ile 168 km et presque 10000 m de positif.

Km 0: St Pierre, Les 2800 trailleurs sont lâchés sur cette route qui longe la mer, nous fendons une foule immense de presque 30000 personnes sur les 6 premiers km, encouragement, musique, feu d’artifice, le fameux "tous à la Redoute » nous voyons au bout de 500m Julie les enfants et Pierre, dernières accolades,… puis les premières pentes commencent, faciles tout d'abord toujours sur l’asphalte à travers des villages puis au milieu de champs de canne à sucre, km 11 je vois Nico arrêté sur le bord du chemin il me dit qu’il a mal au pied, il enlève sa chaussure et là c'est la tuile, une belle ampoule sur le talon, un peu de Nok et ça repart.

Km 14,5 (2h10) 648 D+: Domaine VIDOT, Nicolas profite de ce ravito pour changer ses chaussettes, après avoir fait le plein nous repartons, et 200 m après ce sont les fameux bouchons, nous avançons à petits pas pendant près d’une heure, sur des sentiers étroits, cela se reproduira un peu plus loin (il faut vraiment que l'organisation repense ce secteur……).

Km 25 (5h20) 1677 D+: Notre dame de la paix, ravito au bord d’un chemin, c’est le bordel, bousculades pour avoir un peu de soupe, il fait très froid, nous décidons de mettre la deuxième couche, les gants, le bonnet et le pantalon, nous repartons en petite foulée direction le parking Aire nez de Boeuf.

Km 39 (8h53) 2463 D+: Aire du Nez de Boeuf, le jour s’est levé, nous rangeons nos frontales, Pierre est là, il nous attend après avoir dormi dans la voiture, je décide de dormir 20mn car je me sens un peu fatigué depuis quelques kilomètres, Nicolas décide de poursuivre jusqu’au prochain ravito où se trouve sa femme et ses enfants. Je repars tranquillement après avoir changé de tee shirt car je me  suis refroidi, les 8 kms qui mènent à mare à boue sont une succession de descentes sur un chemin monotrace pas facile avec des clôtures de barbelés de part et d’autre qui parquent des vaches sur les alpages.

Km 49,3 (11h21) 2508 D+: Mare à Boue, je rejoins Nico qui discute avec nos ravitailleurs avant d’entrer dans la zone du ravito, nous profitons de bien nous alimenter (poulet et pâte) avant d’attaquer la montée boueuse et très technique vers le coteau Kerveguer qui nous mène vers la sinueuse et difficile descente vers Mare à Joseph (800 D- sur 2,2km).

Km 65 (17h03) 3305 D+: Cilaos, première base de vie, Julie avec ses enfants et Pierre nous attendent avec nos sacs d’allégement, changement total de tenue et nous prenons nos batteries chargées pour la frontale car nous allons passer notre première nuit complète (couché du soleil 18h levé 6h) sur cette course. Après ce nouveau petit repas, poulet pâte, nous filons vers la descente de Cascade bras rouge et la remontée sur le début du col du Taibit.   

Km 72,9 (19h53) 3803 D+: Debut du sentier du Taïbit, Nicolas arrive dans le dur, IL veut dormir, il demande à un accompagnateur de le réveiller dans 20mn, je m’allonge également, je n’arrive pas à dormir car le bruit incessant des autres coureurs est très fort. Le jour commence à partir et nous sommes dans ce col du Taibit, petit arrêt à une cabane pour boire la fameuse Tisane Ascenseur!!!!!!! (elle ne m’a pas fait monter plus vite, la montée se fait sur un rythme régulier sur des monotraces techniques, un enchevêtrement de marches et de racines, arrivés au sommet, nous basculons dans le fameux cirque de Mafate, nous croisons quelques participants qui rebroussent chemin, car si vous abandonnez dans Mafate, vous en sortez par vos propres moyens, pas de rapatriement par l’organisation…..

Km 79 (23h04) 4602 D+: Marla, nous pointons dans l’ancienne école, on mange et on rempli nos flasques puis nous essayon de se reposer en s’allongeant sur l’herbe, recouverts de notre couverture de survie, en vain impossible de dormir, il fait trop froid, proche de zéro,  je tremble, nous décidons de repartir en montant vers la plaine des Tamarins et col des boeufs.

Km 86,5 (26h23) 5116 D+: Plaine des Merles, je pointe et j’attends Nico qui arrive HS car il n’a toujours pas dormi, il me dit qu’il n’est pas bien et qu’il veut abandonner en voyant des voitures stationnées au bord de la route, c’est alors que je lui dit qu’elles ont été héliportées pour ne servir que dans le cirque (quel mensonge) en fait c’est la seule sortie du cirque de Mafate vers celui de Salaizi …… je lui avouerai quelques heures plus tard lui avoir menti, bien m’en a pris car cela nous a permis d’aller au bout.

Km 96,7 (30h21) 5440 D+: Ilet à Bourse, c’est la barrière la plus tendue de la course qu’il ne faut absolument pas manquer, nous avons fait le choix de dormir 3O mn après sentier scout dans une petite clairière au bord du sentier, malgré le passage de plusieurs dizaines de coureurs avec leur frontale, cela nous fait extrêmement du bien mais nous devons repartir très vite pour ne pas manquer cette fameuse barrière. Je pars seul devant et arrive 50 mn avant la fermeture, j’attaque la remontée qui suit avec l’inquiétude que Nico ai eu un problème et qu’il arrive en retard… heureusement quelques hectomètres plus loin j’attends une voix qui crie « Babaï tu es là » quel soulagement on va pouvoir continuer l’aventure ensemble.

Km 100 (31h23) 5565 D+:  Grand place, c’est le village le plus reculé de ce cirque, nous pointons dans l’école primaire, il y a du monde, nous décidons de remplir nos flasques et d’aller s’allonger 10mn dans un chemin un peu plus loin, pas de chance des chèvres et un chien font un vacarme qui nous empêche de dormir, tant pis, le jour se lève, nous repartons direction Roche Ancrée que nous atteindrons après avoir monté Roche Ancrée et traversé le gué de rivière à galets.

Km 108,4 (35h15) 6516 D+ : Roche plate, nous atteignons ce ravito après les 950 D+ depuis Grand place école par une montée au milieu d’arbres avant de redescendre vers un ravin puis reprendre le sentier qui nous mène vers ce bourg au milieu de nulle part, le soleil commence à pointer son nez avec la chaleur, ce sentier est technique, minéral, des centaines et centaines de marches entrecoupées de traversées à flan de falaise, nous prenons quelques  minutes de repos dans la cours de l’école de Roche plate, nous remplissons nos flasques, prenons à manger et nous nous massons les cuissots avec le gel Agyflex qui nous permet de réduire temporairement les courbatures…..Départ pour la brèche et la mythique montée du Maido, 6 km et 900 D+ le tout en plein soleil, des petits groupes se forment, il parait que l’union fait la force, je crois bien que c’est vrai. Nous passons la brèche vers 11h45 sous les applaudissements du public toujours présent en nombre sur cet endroit, pas d’arrêt, direction le prochain ravito.

Km 120,3 (38h47) 7609 D+: Maido tête dure, le ciel est nuageux  nous prenons le temps de récupérer de cette grande montée puis nous filons sur sans souci, et cette descente sans fin, Patrice le père de Nico vient nous rejoindre en nous emmenant des sandwichs et de l’Orangina (quel bonheur quand on a bu depuis le départ que de l’eau et du coca..) Nous avons également le soutient dans cette descente de la soeur de Nico, Gwanaelle et son chéri Lilian

Km 131,2 (43h12) 7666 D+: Ilet Savannah ce ravito sonne la fin d’une descente interminable où depuis le début je souffre du genou droit et d’une belle ampoule au pied droit, Je pointe, et je vais prendre une douche, quel plaisir, direction les podologues pour soigner cette ampoule et les kinésithérapeutes qui feront un strap à chaque genou, entre temps Nico est arrivé nous prenons le temps de nous changer totalement et prendre à nouveau nos deux batteries pour la frontale car la deuxième nuit risque d’être très longue….

Nous traversons 3 passages à gué de la rivière à galets, en mettant bien sur chacun un pied dans l’eau, les spectateurs sont lù et nous encouragent, la nuit commence tomber, nous montons un single pendu avant d’arriver dans un village où les habitants nous proposent de la limonade, puis nous traversons des champs de canne à sucre.   

Km 138,7 (47h10) 8317 D+: Chemin Ratinau, ravitaillement en compagnie de la maman , de la soeur et de la nièce de Nico, et là commence le chemin KALA, quel chantier et quelle merde une succession de montées et de descentes avec des marches immenses des passages glissants dans la poussière où l’on s’accroche à des cordes et des branches, quel calvaire quand on a un genou en vrac.

Km 146,6 (49h58) 8476 D+: La Possession, notre confiance est sans faille et depuis le Maido nous sommes sur d’aller au bout, nos ravitailleurs de l’extreme sont là, tout est prêt comme chaque fois qu’on les voit, nos affaires sont rangées dans l’ordre sur une serviette, c’est vraiment un luxe et un plus pour réussir que d’avoir eu JULIE et PIERRE pour nous seconder.

Après une petite heure de sommeil, nous reprenons la route, non sans mal car avec cet arrêt prolongé nos cuisses sont endolories et il nous faut quelques centaines de mètres pour relancer la machine, et il le fallait bien car nous attaquons le fameux « chemin des Anglais » un enchevêtrement de pierres et rochers très mal rangés et cela pendant 6 km, aucun repos, il faut une concentration maximale pour ne pas y laisser une cheville…

Km 156 (54h52) 8802 D+: Grande Chaloupe, dernier ravito, nous arrivons un peu en avance sur l’horaire prévu, nos ravitailleurs ont oublié de se réveiller, mais on les appelle et ils arrivent dans la foulée, je suis exténué et je me pose 20mn sous ma couverture de survie, on boit on mange et c’est partie pour cette dernière montée de 800 D+ vers le Colorado, d’abord sur un remake du chemin des Anglais puis sur des routes goudronnées et enfin un single, ca y est on est au sommet, on pointe et je dis à Nico, viens on se pose 10 mn dans ce champ l'herbe tondue ressemblant à un green de golf, nous profitons d’être là tous les deux, pour savourer ce moment, cet exploit, cette union qui nous a lié pour s’encourager tout au long de ce périple exceptionnel que l’on vient de réaliser, nous restons là en silence à contempler l’océan la larme à l’oeil.   

Km 170 (60h46) 9642 D+: Stade la redoute, après une dernière descente très technique de 4,5 km (le premier met 45mn) nous arrivons sur la route qui mène au stade, nous rentrons sur la piste qui l’encercle, après un quart de tour la ligne d’arrivée est là, celle que nous avons tant rêvée, tant regardée sur les vidéo, j’y crois pas, c’est moi qui la franchi, quelques mètres devant Nico qui passe sous l’arche avec ses 2 enfants, Julie est là je l’embrasse et me dirige vers Pierre qui filme et le serre dans mes bras, un bénévole me passe la fameuse médaille de Finisher, c’est Ange le fils à Nico qui lui passe la sienne, nous sommes envahis d’une émotion indescriptible que seule cette course peut te donner.   

Nous avons réalisé notre rêve…………….

Quel bilan en tirer ? Ça mérite clairement d’être vécu. Pour l’ambiance exceptionnelle et la ferveur des Réunionnais. Pendant trois jours, nous avons été soutenu comme jamais sur une course, quasiment comme un pro. Les paysages notamment des cirques sont magnifiques. La course est très exigeante. Ce sont 166 kilomètres, mais pas sur du sentier plat et roulant. Il y a de la pente et surtout beaucoup de cailloux et de marches qui t’épuisent. C’est un dépassement de soi extrême, à la limite du raisonnable…

Ce fut un investissement de tous les jours, des entrainements, course à pied, vélo, PPG, des courses de prépa surtout le Grand Raid des Pyrénées, 85km 5000 D+ en 22h qui a permis de remettre l’église au centre du village (fini au moral à cause de problèmes gastriques pour moi et soucis au genou pour Nico). vaincre nos moments de doute, de peur de ne pas y arriver, mais surtout retenir que « Dans la vie, il faut croire et avoir confiance en soi »

Merci à vous, les amis, les copains, les camarades de club, les docteurs, le coach Stéphane et notre Kiné Audrey qui  a fait des miracles………nos familles et plus particulièrement nos femmes qui ont supporté notre mauvais caractère pendant cette longue préparation.

MERCI à Julie et Pierre pour leur soutien sans faille pendant ces 60h, une assistance digne des pros, avec nos affaires de rechange prêtent sur une serviette aux base de vie, penser à tout les détails qui font la différence, nous couvrir avec notre couverture de survie pendant que nous dormions, de faire baisser la musique et faire taire les enfants qui jouaient à coté de nous (merci Pierre à la possession )

Merci à Kallisté et Ange pour leur soutien

MERCI à nos partenaires

Cryothérapie Vaucluse - Laurent Foulquier, DB serrurerie - Damien Bonnet - Menuiserie Sauvée - Nicolas Sauvée, Saint Laurent PVC et SVN et Laboratoire Pronatur - Lionel Hacquard,               

Nous sommes devenus fous pour la vie…………………………………………………..

 

Athlétic Club - Saint-Rémy de Provence
La Diagonale des Fous

La Diagonale des Fous

Vidéo "le rêve de devenir fou"

Le rêve de devenir fou..........

Bien nous a pris en décembre 2018 de nous inscrire à la fameuse "Diagonale des fous" trail mythique pour tous coureurs d'ultra.

300 jours après, le 14 octobre nous décollons pour la Réunion.

Mardi 15/10, nous arrivons à l’aéroport Rolland Garros de St Denis à 8h du matin, nous récupérons les voitures de location après avoir bu un café au pot d’accueil offert au coureurs du grand raid sous une tente ou un groupe joue quelques morceaux réunionnais accompagné d’une danseuse habillée au couleurs locales et nous filons à St Gilles, lieu de villégiature dans une belle villa sur les hauteurs de la ville face à la mer.   

Mercredi 16/10: jour de récupération des dossards à St pierre, pas une mince affaire car tous les concurrents des 5 épreuves sont convoqués la veille des courses à des horaires différents. 

Jeudi 17/10: La journée est consacrée à la préparation des affaires et des sacs d’allègement pour nos ravitailleurs Julie et Pierre ainsi qu’au repos.

19h30: Après contrôle de nos sacs, nous patientons jusqu’au départ dans le sas d'attente en bord de mer, un couloir sépare les spectateurs des coureurs pour ne pas que des affaires soient enlevées ou rajoutées dans les sacs……..Nous nous reposons sur le seul morceau d’herbe du sas en attendant le départ en papotant avec d’autres coureurs qui ont déjà participé à la diagonale pour nous rassurer….. 

21h30: Nous quittons le sas dans la cohue et encadrés par des bénévoles vers la ligne de départ, non pas sans appréhension sur ce qui nous attend, la traversée de l'ile 168 km et presque 10000 m de positif.

Km 0: St Pierre, Les 2800 trailleurs sont lâchés sur cette route qui longe la mer, nous fendons une foule immense de presque 30000 personnes sur les 6 premiers km, encouragement, musique, feu d’artifice, le fameux "tous à la Redoute » nous voyons au bout de 500m Julie les enfants et Pierre, dernières accolades,… puis les premières pentes commencent, faciles tout d'abord toujours sur l’asphalte à travers des villages puis au milieu de champs de canne à sucre, km 11 je vois Nico arrêté sur le bord du chemin il me dit qu’il a mal au pied, il enlève sa chaussure et là c'est la tuile, une belle ampoule sur le talon, un peu de Nok et ça repart.

Km 14,5 (2h10) 648 D+: Domaine VIDOT, Nicolas profite de ce ravito pour changer ses chaussettes, après avoir fait le plein nous repartons, et 200 m après ce sont les fameux bouchons, nous avançons à petits pas pendant près d’une heure, sur des sentiers étroits, cela se reproduira un peu plus loin (il faut vraiment que l'organisation repense ce secteur……).

Km 25 (5h20) 1677 D+: Notre dame de la paix, ravito au bord d’un chemin, c’est le bordel, bousculades pour avoir un peu de soupe, il fait très froid, nous décidons de mettre la deuxième couche, les gants, le bonnet et le pantalon, nous repartons en petite foulée direction le parking Aire nez de Boeuf.

Km 39 (8h53) 2463 D+: Aire du Nez de Boeuf, le jour s’est levé, nous rangeons nos frontales, Pierre est là, il nous attend après avoir dormi dans la voiture, je décide de dormir 20mn car je me sens un peu fatigué depuis quelques kilomètres, Nicolas décide de poursuivre jusqu’au prochain ravito où se trouve sa femme et ses enfants. Je repars tranquillement après avoir changé de tee shirt car je me  suis refroidi, les 8 kms qui mènent à mare à boue sont une succession de descentes sur un chemin monotrace pas facile avec des clôtures de barbelés de part et d’autre qui parquent des vaches sur les alpages.

Km 49,3 (11h21) 2508 D+: Mare à Boue, je rejoins Nico qui discute avec nos ravitailleurs avant d’entrer dans la zone du ravito, nous profitons de bien nous alimenter (poulet et pâte) avant d’attaquer la montée boueuse et très technique vers le coteau Kerveguer qui nous mène vers la sinueuse et difficile descente vers Mare à Joseph (800 D- sur 2,2km).

Km 65 (17h03) 3305 D+: Cilaos, première base de vie, Julie avec ses enfants et Pierre nous attendent avec nos sacs d’allégement, changement total de tenue et nous prenons nos batteries chargées pour la frontale car nous allons passer notre première nuit complète (couché du soleil 18h levé 6h) sur cette course. Après ce nouveau petit repas, poulet pâte, nous filons vers la descente de Cascade bras rouge et la remontée sur le début du col du Taibit.   

Km 72,9 (19h53) 3803 D+: Debut du sentier du Taïbit, Nicolas arrive dans le dur, IL veut dormir, il demande à un accompagnateur de le réveiller dans 20mn, je m’allonge également, je n’arrive pas à dormir car le bruit incessant des autres coureurs est très fort. Le jour commence à partir et nous sommes dans ce col du Taibit, petit arrêt à une cabane pour boire la fameuse Tisane Ascenseur!!!!!!! (elle ne m’a pas fait monter plus vite, la montée se fait sur un rythme régulier sur des monotraces techniques, un enchevêtrement de marches et de racines, arrivés au sommet, nous basculons dans le fameux cirque de Mafate, nous croisons quelques participants qui rebroussent chemin, car si vous abandonnez dans Mafate, vous en sortez par vos propres moyens, pas de rapatriement par l’organisation…..

Km 79 (23h04) 4602 D+: Marla, nous pointons dans l’ancienne école, on mange et on rempli nos flasques puis nous essayon de se reposer en s’allongeant sur l’herbe, recouverts de notre couverture de survie, en vain impossible de dormir, il fait trop froid, proche de zéro,  je tremble, nous décidons de repartir en montant vers la plaine des Tamarins et col des boeufs.

Km 86,5 (26h23) 5116 D+: Plaine des Merles, je pointe et j’attends Nico qui arrive HS car il n’a toujours pas dormi, il me dit qu’il n’est pas bien et qu’il veut abandonner en voyant des voitures stationnées au bord de la route, c’est alors que je lui dit qu’elles ont été héliportées pour ne servir que dans le cirque (quel mensonge) en fait c’est la seule sortie du cirque de Mafate vers celui de Salaizi …… je lui avouerai quelques heures plus tard lui avoir menti, bien m’en a pris car cela nous a permis d’aller au bout.

Km 96,7 (30h21) 5440 D+: Ilet à Bourse, c’est la barrière la plus tendue de la course qu’il ne faut absolument pas manquer, nous avons fait le choix de dormir 3O mn après sentier scout dans une petite clairière au bord du sentier, malgré le passage de plusieurs dizaines de coureurs avec leur frontale, cela nous fait extrêmement du bien mais nous devons repartir très vite pour ne pas manquer cette fameuse barrière. Je pars seul devant et arrive 50 mn avant la fermeture, j’attaque la remontée qui suit avec l’inquiétude que Nico ai eu un problème et qu’il arrive en retard… heureusement quelques hectomètres plus loin j’attends une voix qui crie « Babaï tu es là » quel soulagement on va pouvoir continuer l’aventure ensemble.

Km 100 (31h23) 5565 D+:  Grand place, c’est le village le plus reculé de ce cirque, nous pointons dans l’école primaire, il y a du monde, nous décidons de remplir nos flasques et d’aller s’allonger 10mn dans un chemin un peu plus loin, pas de chance des chèvres et un chien font un vacarme qui nous empêche de dormir, tant pis, le jour se lève, nous repartons direction Roche Ancrée que nous atteindrons après avoir monté Roche Ancrée et traversé le gué de rivière à galets.

Km 108,4 (35h15) 6516 D+ : Roche plate, nous atteignons ce ravito après les 950 D+ depuis Grand place école par une montée au milieu d’arbres avant de redescendre vers un ravin puis reprendre le sentier qui nous mène vers ce bourg au milieu de nulle part, le soleil commence à pointer son nez avec la chaleur, ce sentier est technique, minéral, des centaines et centaines de marches entrecoupées de traversées à flan de falaise, nous prenons quelques  minutes de repos dans la cours de l’école de Roche plate, nous remplissons nos flasques, prenons à manger et nous nous massons les cuissots avec le gel Agyflex qui nous permet de réduire temporairement les courbatures…..Départ pour la brèche et la mythique montée du Maido, 6 km et 900 D+ le tout en plein soleil, des petits groupes se forment, il parait que l’union fait la force, je crois bien que c’est vrai. Nous passons la brèche vers 11h45 sous les applaudissements du public toujours présent en nombre sur cet endroit, pas d’arrêt, direction le prochain ravito.

Km 120,3 (38h47) 7609 D+: Maido tête dure, le ciel est nuageux  nous prenons le temps de récupérer de cette grande montée puis nous filons sur sans souci, et cette descente sans fin, Patrice le père de Nico vient nous rejoindre en nous emmenant des sandwichs et de l’Orangina (quel bonheur quand on a bu depuis le départ que de l’eau et du coca..) Nous avons également le soutient dans cette descente de la soeur de Nico, Gwanaelle et son chéri Lilian

Km 131,2 (43h12) 7666 D+: Ilet Savannah ce ravito sonne la fin d’une descente interminable où depuis le début je souffre du genou droit et d’une belle ampoule au pied droit, Je pointe, et je vais prendre une douche, quel plaisir, direction les podologues pour soigner cette ampoule et les kinésithérapeutes qui feront un strap à chaque genou, entre temps Nico est arrivé nous prenons le temps de nous changer totalement et prendre à nouveau nos deux batteries pour la frontale car la deuxième nuit risque d’être très longue….

Nous traversons 3 passages à gué de la rivière à galets, en mettant bien sur chacun un pied dans l’eau, les spectateurs sont lù et nous encouragent, la nuit commence tomber, nous montons un single pendu avant d’arriver dans un village où les habitants nous proposent de la limonade, puis nous traversons des champs de canne à sucre.   

Km 138,7 (47h10) 8317 D+: Chemin Ratinau, ravitaillement en compagnie de la maman , de la soeur et de la nièce de Nico, et là commence le chemin KALA, quel chantier et quelle merde une succession de montées et de descentes avec des marches immenses des passages glissants dans la poussière où l’on s’accroche à des cordes et des branches, quel calvaire quand on a un genou en vrac.

Km 146,6 (49h58) 8476 D+: La Possession, notre confiance est sans faille et depuis le Maido nous sommes sur d’aller au bout, nos ravitailleurs de l’extreme sont là, tout est prêt comme chaque fois qu’on les voit, nos affaires sont rangées dans l’ordre sur une serviette, c’est vraiment un luxe et un plus pour réussir que d’avoir eu JULIE et PIERRE pour nous seconder.

Après une petite heure de sommeil, nous reprenons la route, non sans mal car avec cet arrêt prolongé nos cuisses sont endolories et il nous faut quelques centaines de mètres pour relancer la machine, et il le fallait bien car nous attaquons le fameux « chemin des Anglais » un enchevêtrement de pierres et rochers très mal rangés et cela pendant 6 km, aucun repos, il faut une concentration maximale pour ne pas y laisser une cheville…

Km 156 (54h52) 8802 D+: Grande Chaloupe, dernier ravito, nous arrivons un peu en avance sur l’horaire prévu, nos ravitailleurs ont oublié de se réveiller, mais on les appelle et ils arrivent dans la foulée, je suis exténué et je me pose 20mn sous ma couverture de survie, on boit on mange et c’est partie pour cette dernière montée de 800 D+ vers le Colorado, d’abord sur un remake du chemin des Anglais puis sur des routes goudronnées et enfin un single, ca y est on est au sommet, on pointe et je dis à Nico, viens on se pose 10 mn dans ce champ l'herbe tondue ressemblant à un green de golf, nous profitons d’être là tous les deux, pour savourer ce moment, cet exploit, cette union qui nous a lié pour s’encourager tout au long de ce périple exceptionnel que l’on vient de réaliser, nous restons là en silence à contempler l’océan la larme à l’oeil.   

Km 170 (60h46) 9642 D+: Stade la redoute, après une dernière descente très technique de 4,5 km (le premier met 45mn) nous arrivons sur la route qui mène au stade, nous rentrons sur la piste qui l’encercle, après un quart de tour la ligne d’arrivée est là, celle que nous avons tant rêvée, tant regardée sur les vidéo, j’y crois pas, c’est moi qui la franchi, quelques mètres devant Nico qui passe sous l’arche avec ses 2 enfants, Julie est là je l’embrasse et me dirige vers Pierre qui filme et le serre dans mes bras, un bénévole me passe la fameuse médaille de Finisher, c’est Ange le fils à Nico qui lui passe la sienne, nous sommes envahis d’une émotion indescriptible que seule cette course peut te donner.   

Nous avons réalisé notre rêve…………….

Quel bilan en tirer ? Ça mérite clairement d’être vécu. Pour l’ambiance exceptionnelle et la ferveur des Réunionnais. Pendant trois jours, nous avons été soutenu comme jamais sur une course, quasiment comme un pro. Les paysages notamment des cirques sont magnifiques. La course est très exigeante. Ce sont 166 kilomètres, mais pas sur du sentier plat et roulant. Il y a de la pente et surtout beaucoup de cailloux et de marches qui t’épuisent. C’est un dépassement de soi extrême, à la limite du raisonnable…

Ce fut un investissement de tous les jours, des entrainements, course à pied, vélo, PPG, des courses de prépa surtout le Grand Raid des Pyrénées, 85km 5000 D+ en 22h qui a permis de remettre l’église au centre du village (fini au moral à cause de problèmes gastriques pour moi et soucis au genou pour Nico). vaincre nos moments de doute, de peur de ne pas y arriver, mais surtout retenir que « Dans la vie, il faut croire et avoir confiance en soi »

Merci à vous, les amis, les copains, les camarades de club, les docteurs, le coach Stéphane et notre Kiné Audrey qui  a fait des miracles………nos familles et plus particulièrement nos femmes qui ont supporté notre mauvais caractère pendant cette longue préparation.

MERCI à Julie et Pierre pour leur soutien sans faille pendant ces 60h, une assistance digne des pros, avec nos affaires de rechange prêtent sur une serviette aux base de vie, penser à tout les détails qui font la différence, nous couvrir avec notre couverture de survie pendant que nous dormions, de faire baisser la musique et faire taire les enfants qui jouaient à coté de nous (merci Pierre à la possession )

Merci à Kallisté et Ange pour leur soutien

MERCI à nos partenaires

Cryothérapie Vaucluse - Laurent Foulquier, DB serrurerie - Damien Bonnet - Menuiserie Sauvée - Nicolas Sauvée, Saint Laurent PVC et SVN et Laboratoire Pronatur - Lionel Hacquard,               

Nous sommes devenus fous pour la vie…………………………………………………..